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Du "dernier caravan-Saraj" à "par delà les nuages de Skopje"

Oh oui!... Ca fait un sacré bail que nous ne nous sommes pas exprimées sur ces ondes mais les péripéties ont été nombreuses, comme vous vous en doutez.

Nous avons vécu quelques révélations et quelques tempêtes et force est de constater, nous sommes toujours dans la place

Alors nous quittons cette Banja Luka que nous avons visité deux fois, sans de nouveaux adieux déchirants avec Berengère que l on va revoir en Turquie, ouf !

Et nous nous rendons à Bugojno où Vahid nous attend dans son théâtre pour une séance de Kamin'é plutôt sympa.

Puis c est l'envolée vers Sarajevo la belle, Saraj comme on se la nomme entre nous, où nous entrons après avoir profité des couleurs de l'automne merveilleuse sur les montagnes.

Alors Sarajevo pêle mêle quoi dire, une ville qui nous a plu

prendre conscience que cette ville a vécu quatre ans en autarcie totale pendant le siège de 1992 à 1996,

palper l atmosphère douce dans le parc du centre,

rencontrer Hector et Merita dont la tendresse nous ravigote,

jouer au Kino Bosna, lieu mythique tenu par Sena, ancienne guichetière du cinéma avant la guerre,

rencontrer les Feral Booty dans la rue comme ça, se reconnaître et passer du temps ensemble,

Beko et son bar jazz le Pink Houdini qui nous accueillent quand on veut dès le premier soir à Sarajevo, une maison ici,

se faire deplacer le camion en long en large et en travers, réveillées par la police,

se faufiler le long des gouttières quand il reste un millimetre de chaque côté pour faire passer Mercolady.

S'émouvoir et se demander jusqu'où un journaliste de guerre peut aller quand on rend visite à l'exposition sur Srebrenica. Quand est-ce qu'on devient des voyeurs, nous sommes-nous demandées, eux et nous?

Kemal dans son petit atelier d'artiste dans les rues basses du vieux Sarajevo nous invite au café. Nous, on aime ses oeuvres.

Puis les hauts de Sarajevo, la petite balade à la montagne du dimanche à manger de la soupe et des beignets à l'auberge avec Merita et Hector, nos chouchous.

Etre déçues du peu de spectateurs présents le soir de notre spectacle et nous dire qu'il faut peut-être repenser notre manière de preparer les jeux.

Mais c est dur aussi le voyage, c'est long, c'est beaucoup d être ensemble tout le temps, c'est fatigant de rencontrer tous les jours des gens nouveaux et répéter les mêmes histoires.

Des fois j ai envie de disparaître ou de me faufiler dans une autre vie mais quand j'y pense vraiment en fait j ai envie d'être là où je suis exactement.

C'est difficile un peu de vous retranscrire les sensations, le plaisir quand on prend la route toutes les 3 à l'avant de Mercolady avec Mimile la peau de mouton sur les genoux, à l'affût du monde.

Puis on est parties sur les traces de la suite,

vers Mostar cette ville dont on nous avait tant parlé, on apprend à dire "imachli upaljac" ("tu peux me passer le briquet") à OKC Abrasevic, le centre culturel de la ville.

Puis c'est Blagaj, la maison derviche au creux de la falaise et son oeil-source qui nous regarde, on est impressionnées,

et c'est alors qu'on décide de se prendre quelques temps de "pause" pour profiter des paysages et tout ça...

La Tempête...

Bon, on va pas faire dans la poésie

il s est mis à pleuvoir sans s'arrêter pendant une semaine,

Mercolady a tangué tout ce qu'elle pouvait,

on a pleuré quelques litres des yeux,

on s'est perdues dans nos imbroglios personnels...se quitter, rester, bouger, comment, quoi, où?....

Perdues dans quelques errances, le Montenegro nous est apparu comme une vaste terre d'eau.

Nous avons fini par en apprécier ses beautés lors d'une balade autour du lac au parc national Biogradska Gora.

Puis le Kosovo

Nous avons passé le col de Kula sous sa première neige de l'année et nous voilà dans une nouvelle langue : l'albanais.

Et on sent bien qu'ici il n'est pas de bon ton de parler serbe,

les tensions sont encore palpables, la guerre récente ; et nous découvrons, bien sûr probablement car nous sommes très ignorantes, les enclaves serbes.​

Au Kosovo, pays peuplé d'albanais et de serbes, ces derniers étant cantonnés dans 300 enclaves de taille variable, qui peuvent aller d'une rue dans une ville, à un hameau, un village. Nous commençons par rencontrer le village de Velika Hoca.

Un petit village qui nous accueille entre la distillation de la rakija chez les gens et le lieu de rencontres des jeunes Vinica St Stefan créé par les moines orthodoxes de Visoki Decane.

Francesco devenu Benedict, nous offre la soupe de poissons et répond à toutes nos questions puisque notre curiosité est aiguisée, c est pas tous les jours qu'on rencontre un moine !!!

Nous nous confrontons à la relativité de la liberté dans des espaces ouverts mais où la peur règne encore et c est bien ça le plus flippant sans vouloir me répéter.

Ce qui en ressort peut-être finalement c est que la haine et les nationalismes nous sautent de plus en plus aux yeux et aux coeurs. On sent que quel que soit les lieux, les politiques sont toujours obsédés par continuer à perpétuer la haine de l'autre qui qu'il soit et que la triste réalité veut qu'ils y parviennent à merveille, ça fait rêver...

On part pour la capitale Pristina, là où on peut voir la seule statue de Bill Clinton au monde, on vous laisse imaginer le libre arbitre qui règne...

Pristina ressemble à une capitale occidentale ou du moins cherche à y ressembler. Elle me semble un peu fausse, comme superficielle, comme un empilement de réalités disparates dont on ne comprend pas vraiment le lien. Et l'argent semble être la loi principale ici...

Nous y faisons, malgré cette drôle d'impression, de belles rencontres.

Natacha qui nous a vu jouer à Belgrade nous a donc fait venir pour jouer

au Teatri ODA , un lieu dont la vibration nous plaît, on y repasse quelques fois boire des cafés avec Bessie et Uxam.

La 23ème représentation de Kamin'é est un véritable succès, la salle est comble et nous nous faisons vraiment plaisir dans le jeu, ça fait du bien.

La veille, on a animé des ateliers clowns dans les écoles, c etait vraiment chouette de rencontrer les jeunes comme ça et puis se rappeler la base du clown, ca fait jamais de mal.

Les copains du Buffalo Backapackers hostel où nous avons posé nos guêtres pour quelques jours nous invitent à rester autant de temps qu'on veut...Ils ont aimé le spectacle.

Ca nous fait du bien de passer un peu de temps dans un espace moins confiné et puis il commence à faire froid alors ça nous le fait bien ce compromis.

On répète quelques jours à l'alliance française en mangeant avec Zana le midi,

on a des idées transcendentalles comme d'hab mais on rame on rame pour dire vrai,

toutes seules, sans notre oeil, c est dur de répéter ; puis on a besoin de nouveau matériel, enfin bref mais la bonne humeur est là.

On en profite pour aller se faire tailler les tifs aussi, histoire de se fondre dans le look de l'extrême de Pristina.

Et le mardi matin, on va au marché aux puces sur le parking du coin où des étalages de manteaux de fourrures, objets insolites et autres bottines tentent de trouver preneur.

Puis poussées par notre curiosité, l'expérience mystique, la transe, la méditation sur la vie, le futur, le oui, le non,

nous voilà reparties pour le monastère de Visoki Decane, un lieu magnifique qui date du XIVème siècle, monastère orthodoxe encore surveillée par la KFOR, ouais ça fait bizarre quand t'arrives et que tu les vois, les jeunes militaires, plus jeunes que nous, qui surveillent ce lieu de culte.

Nous, on y retrouve Francesco pour la fête annuelle du lieu, liturgie orthodoxe et autres chants telluriques rythment nos 2 jours. Le rituel est beau, les moines sont drôles.

On passe sous la relique de saint Stephane dont on peut voir la main momifiée...

Nous sommes invitées à dormir au sein du monastère une nuit et on nous sert de somptueux repas... mais au bout d'un certain temps on commence à se sentir oppressées par les discours parfois très radicaux qu'on y entend et on sent qu'il est grand temps de reprendre notre route.

Le vent nous pousse et nous voilà à Skopje chez Dominique, une dame "écrivaine méconnue libre penseuse" comme elle se nomme elle-même, dont nous allons fêter les 72 ans ce samedi qui vit avec ses 3 chattes: Ishtar, Ira et Kimmi.

Elle a une âme révoltée et artiste, fine photographe, son appartement est couvert de photos, peintures, dessins et autres gravures.

Elle nous accueille chez elle, nous emmène à Sutka le marché Rom, nous annonce que Skopje est au-dessus de tous les seuils de pollution en ce moment, tout en riant.

Posées dans la chambre bleue remplie des aquarelles de son père Albert Soulillou, nous sommes de nouveau face aux écrans en plein montage du 3ème volet de notre émission radio...

Une escale au bar Menada nous fait découvrir un groupe de musique traditionnelle composé de femmes qui nous enchantent : Perija. Nous y décrochons une date pour Kamin'é dans ce samedi !


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